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La bonne santé financière du Canada nuit aux Caisses de retraite !

Catégorie : Blogues Publication : jeudi 13 mars 2014 Écrit par Mario Lavallée

Le Canada est un pays dont la solidité financière est reconnue. Son système bancaire a été un des plus solides durant la crise financière de 2008. Le Canada fait partie d’un club de plus en plus select : les émetteurs qui réussissent à maintenir une cote de crédit AAA. Le Financial Times (26 mars 2013) notait justement que l’encours total d’obligations ayant la note AAA était réduit de 60 % depuis 2007. L’offre d’obligations AAA est donc actuellement 40% de ce qu’elle était en 2007.

Pour les investisseurs qui désirent ou doivent détenir des obligations AAA, l’offre est donc beaucoup moins grande qu’il y a 6 ans. L’impact de cette diminution de l’offre, si elle n’est pas accompagnée d’une diminution comparable de la demande, est une pression à la hausse sur les prix. Dans le domaine des obligations, une pression à la hausse sur les prix se traduit par une pression à la baisse sur les taux. A titre d’exemple, les obligations du gouvernement canadien ayant une échéance 30 ans se transigent actuellement pour rapporter environ 2,4%. En comparaison, les obligations fédérales américaines de même échéance se transigent pour rapporter autour de 2,9%. Il n’est pas arrivé souvent dans l’histoire que les taux du gouvernement canadien soient plus faibles que ceux du gouvernement américain. Or c’est actuellement le cas.

Comment cela nuit-il aux caisses de retraite canadiennes ? De deux façons. Les passifs actuariels des régimes de retraite sont établis en actualisant les prestations promises. Or le taux des obligations du gouvernement canadien de long terme est un des taux utilisés pour une partie des prestations. Plus ce taux est faible et plus la valeur actualisée est élevée. Plus la valeur actualisée est élevée, plus le régime est en déficit. Plus le régime est en déficit, plus l’employeur doit cotiser pour éponger le déficit. Plus un employeur doit cotiser pour éponger le déficit, plus il songe à transformer son régime à prestations déterminées en régime à contributions déterminées. L’écart de 0,5% ne semble pas énorme, mais il peut avoir un impact assez important. En présumant une durée (sensibilité au taux d’intérêt) du passif d’environ 15 années, cette différence de 0,5% pourrait expliquer une différence de 7,5% (0,5%X15) dans la valeur actuelle des passifs et ainsi gonfler le déficit des caisses de retraite d’autant. Cette différence serait évidemment plus grande si je supposais que les taux canadiens augmentent au-dessus des taux américains.

Cette logique est bonne pour les cotisations nécessaires pour ramener la caisse de retraite à l’équilibre. Pour les cotisations régulières, le faible taux des obligations fédérales entre également en jeu. En effet, les actuaires établissent les cotisations pour le service courant en estimant le rendement probable des diverses catégories d’actifs. Or, le faible taux des obligations fédérales vient réduire l’espérance de rendement à long terme des portefeuilles et par le fait même augmenter le niveau des cotisations nécessaires pour financer le régime.

En plus de la santé financière relative du gouvernement canadien (écart avec les taux américains), il y a également le phénomène de politique monétaire expansionniste de plusieurs banques centrales qui contribue à rendre la situation difficile pour les caisses de retraite canadienne. Cette politique monétaire expansionniste maintient les taux d’intérêt à un bas niveau afin de stimuler la reprise. Or, comme nous l’avons vu, des taux d’intérêt bas font très mal aux caisses de retraite.

Les membres de comité de retraite souhaitent une augmentation des taux d’intérêt. On les comprend très bien.