Météo et prévisions financières
Une journaliste m’interrogeait récemment sur la validité des prévisions concernant les marchés financiers. Je lui mentionnais qu’il est assez difficile de faire des prévisions à court terme sur les rendements des marchés financiers mais qu’il est un peu plus facile d’en faire sur un horizon à plus long terme. Le rendement des obligations est difficile à prévoir pour les quelques prochains mois, mais pour un horizon plus long, le rendement à l’échéance est une assez bonne prévision. Pour la météo, c’est exactement l’inverse : les prévisions à court terme sont plus faciles à faire que les prévisions à long terme. On me répondra que cette affirmation est en partie fausse car il n’est pas nécessaire d’être météorologue pour prévoir que la température moyenne en décembre prochain sera plus basse que la température moyenne du mois de juin. Vous avez raison, certaines choses sont plus faciles à prévoir que d’autres, tout dépend de ce que l’on prévoit !
Le système climatique répond à des lois physiques très claires et assez bien connues. Des éléments stochastiques (aléatoires) rendent cependant les prévisions difficiles dès que l’horizon s’allonge puisque les éléments stochastiques se multiplient. Le système financier ne répond pas à des lois physiques bien définies. Il s’agit d’un système social où le comportement (les transactions) des individus détermine les mouvements. Or, les lois régissant le comportement humain sont plus floues.
Voici une autre grande différence entre les contextes dans lesquels travaillent les météorologues et les prévisionnistes financiers : la météo est indépendante des prévisions des météorologues alors que ce n’est pas le cas pour les prévisionnistes financiers. En effet, les prévisions des analystes font partie de l’information utilisée par les participants dans le marché. Le comportement des participants est donc influencé par les prévisions et, par conséquent, les résultats du marché sont influencés par ces mêmes prévisions. Un prévisionniste qui est respecté a plus de chance que ses prévisions se réalisent puisque le comportement des investisseurs pourrait les faire se réaliser.
En plus de cette interaction entre les résultats des marchés financiers et les prévisions des analystes, il y a le phénomène de réflexivité dont George Soros parle souvent. En effet, le marché financier se positionne en fonction de l’économique réelle (PIB, Inflation, etc.) or le marché financier a lui-même un impact sur l’économie réelle. Cette rétroaction peut parfois entraîner les marchés financiers dans des directions inattendues.
Pour un investisseur ayant un horizon de placement à long terme, je crois qu’il est plus important de déterminer les grandes tendances et de ne pas trop se soucier des aléas à court terme. Peu d’entre nous ont la capacité de bien cerner les comportements à court terme. Encore moins ont la capacité d’en tirer profit.