La lettre de Warren Buffett
C'est devenu un rituel dans le monde de la gestion de portefeuille. Un samedi matin de février, on se lève tôt pour lire ce qu'a à dire Warren Buffett. C'est en effet le moment où sa lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway est publiée. Toute la lettre n'est pas intéressante à lire car une grande partie est consacrée à rendre des comptes aux actionnaires de l'entreprise. Par contre, on y trouve aussi des commentaires qui méritent réflexion.
Cette année, deux points ont attiré mon attention. Le premier (il débute à la fin de la page 3) est une allusion à un livre de E.L. Smith publié en 1924. Monsieur Buffett se sert de ce livre pour réitérer l'importance du réinvestissement dans la création de valeur. M. Buffett comprend très bien que la croissance d'une entreprise vient du réinvestissement de ses flux monétaires. Plus le rendement obtenu est intéressant, plus on crée de la valeur en réinvestissant. C'est un concept que nous enseignons, mais dont l'importance est sous-estimée. La finance vise l'allocation optimale du capital. Une entreprise qui utilise bien son capital créera de la valeur pour ses propriétaires. Il faut toutefois avoir une approche à long terme.
Le deuxième point qui a attiré mon attention (il débute au début de la page 12) porte sur les conseils d'administration. M. Buffett y aborde quelques éléments. Deux représentent des leçons pour nous. Et dans son language coloré, M. Buffett s'assure que nous retenions les leçons.
"Don't ask the barber whether you need a haircut". Cette phrase est une mise en garde contre les conseils provenant des firmes de Wall Street. Leur demander si une transaction a du sens les met en conflit d'intérêt. En effet, si la transaction se fait, ils auront des honoraires importants. Que la transaction soit créatrice de valeur ou pas. Si la transaction ne se fait pas, ils n'auront pas d'honoraires ou de tous petits honoraires. "Don't ask the barber whether you need a haircut".
"When seeking directors, CEOs don’t look for pit bulls. It’s the cocker spaniel that gets taken home." Le problème soulevé par M. Buffett est important. Lorsque un président (surtout des présidents :-() cherche un nouveau membre pour son conseil d'administration, il s'informe à ses amis pour savoir qui ferait un "bon" administrateur. Ils cherchent évidemment des gens compétents, mais aussi des gens qui ne brasseront pas trop la cage. Peut-être que la démocratie corporative a besoin d'un peu de renouveau…
Cette partie sur les conseils d'administration contient d'autres éléments intéressants dont j'ai choisi de ne pas parler ici. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas importants...
Bonne lecture.