Les fonds de Private Equity confrontés!
Les fonds de Private Equity (PE) n'ont pas toujours bonne réputation, particulièrement dans les transactions utilisant beaucoup de levier financier. On leur prête le comportement suivant : ils empruntent largement pour acheter une entreprise, font le ménage en coupant plusieurs postes et en revendent ensuite l'entreprise à profit quelques années plus tard. Bien que parfois vrai, ce modus operandi n'est pas le seul qu'utilisent les fonds de PE. On les juge souvent un peu trop vite. Loin de moi cependant l'idée de les défendre ici. Comme dans beaucoup de situations, ils ne sont pas aussi mauvais que les gens pensent, ni aussi bons qu'eux même croient être.
Après avoir été acquise par des fonds de PE, la firme Toys "R" Us est allée en faillite, laissant ses employés sans travail et sans prime de séparation. Ces employés font maintenant pression sur les investisseurs participant aux fonds de PE. Plusieurs de ces investisseurs (35 % selon l'article du NY Times) sont des régimes de retraite publics. Soucieux de leur image, ces régimes de retraite font aussi pression sur les fonds de PE.
Les caisses de retraite peuvent réduire ou éliminer leurs investissements dans les fonds de PE afin d'inciter un changement de comportement. Par ailleurs, dans ce cas précis, l'entreprise a fait faillite. Les sommes dues aux employés sont régies par la loi sur la faillite. Peut-être que la loi pourrait être changée et les primes de cessation d'emplois considérées comme une engagement prioritaire en cas de faillite.
L'utilisation excessive du levier a évidemment conduit à la faillite de Toys "R" Us puisque sans dette, il est difficile de faire faillite. Par contre, on peut aussi penser que des raisons commerciales aient contribués (la compétition du commerce en ligne par exemple)à la faillite de l'entreprise. La loi sur la faillite pourrait être modifiée afin de mieux protéger les employés.
L'utilisation du produit d'un emprunt me semble aussi un élément qui pourrait influencer les responsabilités lors de la faillite. Un emprunt pour acquérir des actifs ne devrait pas avoir la même portée en termes de responsabilités qu'un emprunt ayant servi à racheter des actions ou à verser un dividende spécial (Dividend Recapitalization). Je pense que dans ces cas, on pourrait tenir responsables les administrateurs et les actionnaires majoritaires si l'emprunt a eu lieu peu de temps avant la faillite. Une déresponsabilisation graduelle pourrait être mise en place.
Par exemple, lors d'une faillite se produisant un an après la transaction, 75 % des sommes versées aux actionnaires seraient récupérables, pour deux ans ce serait 50 %, 3 ans 25 % et après 4 ans, aucune somme ne serait récupérable. Par ailleurs, une telle règle serait très difficile à appliquer lorsque les actionnaires changent. Le banquier qui accepte de faire ce genre de prêt a aussi une responsabilité dans la faillite éventuelle d'une entreprise. Sans le prêt qu'il accepte de faire, il y n'y aurait possiblement pas de faillite. Devrait-il avoir une responsabilité envers les employés ou certains fournisseurs?
Ce sont des questions qui méritent réflexion...